Les petites vieilles, dans les plis sinueux de l'APHP, Dr Béru en croise un paquet. Certaines pliées en deux, d'autres trottant à pas pressés après leur ombre, d'autres encore possédées par le démon du rythme -- le fandango permanent, manque plus que les castagnettes.
Baudelaire avait déjà relevé ces trois phénomènes. Le premier se nomme camptocormie ; il est dû à l'involution graisseuse des muscles paravertébraux et touche effectivement plutôt les femmes.
Le deuxième, c'est la démarche festinante, retrouvée dans la maladie de Parkinson, qui associe une fréquence augmentée à une longueur de pas diminuée. Hâte-toi lentement, en quelque sorte.
Le troisième, celui que Baudelaire décrit de la façon la plus frappante, ce sont les mouvements anormaux. Les plus fréquents de ces mouvements sont les tremblements (tremblement essentiel, tremblement d'intention cérébelleux, tremblement de repos de la maladie de Parkinson, par exemple). Mais les "pauvres sonnettes" semblent plutôt atteintes ici d'une véritable chorée. Le mouvement choréique, c'est un mouvement involontaire spontané, survenant aléatoirement, brusquement, anarchiquement, y compris la nuit. Il est présent par exemple dans la maladie de Huntington, une vraie saleté.
Et quand Dr Béru voit une patiente se coincer les jambes derrière les pieds de sa chaise pour s'empêcher de danser, lui aussi se met à trembler.
Dr Béru, qui a bon fond, te recommande de rassurer ta grand-mère qui arrose ta braguette en te servant ton café : il s'agit bien plus probablement d'un tremblement essentiel que d'une maladie de Parkinson.
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